III
Baissant son visage devant la chaleur ténue, mais sensible du soleil levant, Cendres essuya sa paume boueuse sur ses joues balafrées.
À côté d’elle, la chirurgienne détourna son regard du ciel d’orient et frissonna dans la froidure du matin.
« Ma fille, je n’aimerais pas avoir ton boulot, en ce moment ! » Florian souffla avec énergie sur ses doigts nus, en considérant le camp autour d’elle. « On ne peut pas reculer. Mais est-ce qu’on peut aller de l’avant ? Qu’est-ce que tu vas leur raconter ?
— Ça ? » Cendres, pour la première fois depuis des semaines, lança un sourire véritablement détendu. « Oh, ce n’est pas ça le plus difficile. Bon, allez, on y va… »
Cendres continua à avancer, pénétrant au cœur de l’espace dégagé en claquant des mains.
Cinq cents personnes cessèrent sans tarder de discuter pour se grouper autour d’elle quand ils la reconnurent : des hommes en maille et plate rouillée, ou en jaques matelassés, debout ou accroupis dans la boue quand le terrain était trop sale pour s’asseoir. Quelques-uns jouaient aux dés dans l’humidité. D’autres, plus nombreux, buvaient de la petite bière. Elle regarda autour d’elle, observa leurs visages qui n’arrêtaient pas de se tourner avec émerveillement vers le ciel.
« Eh ben, lança Cendres. Non, mais regardez-moi cette bande de gueules de culs !
— Je les trouve pas si mal, patronne ! » repartit un des frères Tydder : Simon ou Thomas, elle hésita un instant. Il esquiva une averse de claques dans le dos, de poignées de boue et d’insultes.
« Tordu, va ! » commenta Cendres. Les rires éclatèrent, sans tension, faisant le tour de la foule.
Tiens, tiens. Geraint se trompait. Et j’avais vu juste.
Elle se frotta les mains et répondit par un large sourire aux rires de ces visages émaciés. « Bon, voilà, les gars. On est à nouveau fauchés. C’est pas la première fois – ça sera pas la dernière. Ça signifie encore un jour ou deux de rationnement du pain, mais, bon, on est des durs à cuire, on est des costauds, on peut tenir le coup. »
L’autre frère Tydder gémit d’une voix de fausset : « Maman ! »
Cendres saisit l’occasion du rire qui s’ensuivit pour les inspecter de près. Les Tydder et nombre d’hommes d’armes parmi les plus jeunes se flanquaient des coups de coude dans les côtes, en s’esclaffant ; l’un d’eux avait coincé la tête d’un camarade de lance sous son bras. Il y avait là deux cents combattants aux livrées défraîchies et aux hauts-de-chausses en loques, engoncés dans la totalité de leurs vêtements, crottés, les doigts blanchis d’engelures, un liquide clair gouttant de leur nez. Elle prit leur mesure, jaugea l’électricité dans l’air ; lut sur leurs visages qu’ils faisaient mieux bloc, avec plus d’enthousiasme, enivrés qu’ils étaient par l’idée d’être des durs à cuire, déguenillés et costauds, des soldats dans un monde de réfugiés.
C’est à cause du soleil. Nous avons passé la frontière. Pour la première fois depuis des semaines, il y a du soleil…
Et ils se sont tirés de Carthage en un seul morceau et ils ont parcouru pas loin de cent lieues à marche forcée, au clair de lune et dans le noir : en ce moment, ils se disent qu’ils sont foutrement bons.
Et c’est vrai.
Plaise à Dieu que tout cela ne soit pas en vain.
Tandis que les rires s’apaisaient, Cendres leva la tête et considéra le campement boueux qui l’entourait, et les hommes crottés qui lui faisaient face.
« Nous sommes la compagnie du Lion. Ne l’oubliez jamais. Nous sommes prodigieux ; bordel ! Nous avons parcouru cent lieues à travers tout cela, dans la nuit et un froid terrible ; ça nous a pris des semaines, mais nous sommes toujours là, nous sommes toujours ensemble, nous sommes toujours une compagnie. C’est parce que nous sommes disciplinés et que nous sommes les meilleurs. Il n’y a aucune question là-dessus. Quoi qu’il puisse arriver désormais, nous sommes les meilleurs, et vous le savez. »
Il y eut des vivats épars, bon enfant : ne serait-ce que parce qu’ils connaissaient la proportion de vérité dans ce qu’elle venait de dire. Certains hochaient la tête, d’autres fixaient Cendres en silence. Elle scruta les visages, épiant la peur, l’arrogance, l’imperceptible relâchement des liens entre les hommes.
Elle pointa le doigt par-dessus son épaule, dans la direction générale de la vallée de la rivière et de Dijon. Elle découvrit ses dents en un sourire féroce. « Vous attendez de moi que je vous dise comment on va jeter à bas ces remparts pour récupérer Anselm et nos gars. Eh bien, les mecs, je suis partie en éclaireur jeter un coup d’œil. Et j’ai des nouvelles à vous apprendre. Ces remparts ne vont pas tomber, ils sont bougrement solides. »
Un des guisarmiers de Caracci leva la main.
« Felipe ?
— Alors, bordel, comment on va faire pour récupérer le reste des Lions, patronne ?
— On ne va pas les récupérer. » Elle répéta, plus fort : « On ne va pas les récupérer. »
Un brouhaha de confusion.
« Il y a un siège en cours, là-bas », déclara Cendres, modulant sa voix pour la faire porter. « Bon, la plupart des gens essaient de sortir d’un siège.
— Sauf l’ennemi », intervint Thomas Rochester, secourable, derrière elle.
Antonio Angelotti pouffa. Nombre d’hommes l’imitèrent, savourant la rectification.
Cendres, qui savait très bien pourquoi – au milieu des Wisigoths, d’une nuit de vingt-quatre heures et de pyramides de pierre parlantes – ses deux officiers se conduisaient ainsi, se contenta d’un regard mauvais.
« Très bien », reprit-elle, son souffle fumant dans l’air glacé. « Sauf l’ennemi Petits malins à la con.
— C’est pour ça que vous nous payez, madone…
— On le paie, lui ? » protesta Euen Huw, en gallois populaire.
Cendres leva les mains. « Fermez-la et écoutez, bande de petites merdes, au lieu de roupiller ! »
Une voix à l’arrière des rangs cita sur un ton songeur : « Nous sommes les meilleurs… »
L’éclat de rire général tira même un sourire à Cendres. Elle resta plantée, hochant la tête et attendant, jusqu’au retour du calme, puis elle moucha sur sa manche son nez rouge qui coulait, posa les mains sur les hanches et projeta sa voix vers eux :
« Voilà la situation. Nous sommes au beau milieu d’une région hostile. Il y a deux légions carthaginoises juste au bas de la route devant nous – la Legio XIV Attica, et une partie de la Legio VI Leptis Parva : six ou sept mille hommes à elles deux. »
Des murmures. Elle poursuivit :
« Le reste de leurs forces se trouvent derrière nous, en territoire français, et dans le nord, en Flandres. D’accord, ce n’est pas encore l’hiver ici, comme ça l’est sous l’Ombre, mais le blé a pourri dans les champs et les raisins sur les ceps de vigne. Il n’y a pas de gibier, parce qu’ils ont tout chassé. Il ne reste plus rien à piller parce que bourgades et villages sur des kilomètres à la ronde ont tous été dépouillés. La région est vide. » Elle s’arrêta, attendit, avec un coup d’œil circulaire : des visages durs, sales, lui répondirent par une grimace.
« Pas la peine de me regarder comme ça, ajouta Cendres, parce que vous en avez accompli une part, de ce pillage, sur le chemin qui menait ici… »
Une voix d’archer : « Foutre oui.
— Vous avez raflé tout ce qui n’était pas attaché, mes salauds ! Eh bien, les nouvelles, les voilà. Y a plus rien. J’en ai discuté avec l’intendant Brant, et… tout… est… parti. »
Cendres mit dans cette déclaration une lenteur emphatique, et les vit digérer l’information. Un coutilier accroupi à quelques pas de là considéra le quignon de pain noir dans sa main, et le rangea dans sa bourse avec un air songeur.
« Qu’est-ce qu’on va faire, patronne ? lança une arbalétrière.
— Vous avez accompli une sacrée marche forcée, et nous n’en avons pas encore terminé. Nous sommes en pleine guerre, ici. Nous arrivons à court de rations. Bon, en général, les gens essaient de s’échapper d’un siège… »
Elle jeta un regard rapide vers Angelotti, adressa un large sourire à Florian, et ramena son attention vers les hommes qui s’égosillaient à poser des questions.
« C’est ce qui se fait, d’ordinaire. Pas pour nous. Nous, nous allons entrer. »
Les hommes du premier rang beuglèrent leur stupeur.
« Bon, d’accord, je répète. » Cendres observa un silence, pour plus d’emphase. « Nous n’allons pas essayer de faire sortir Anselm et nos gars de Dijon. C’est nous qui allons entrer. »
Simon (ou Thomas) Tydder ne put se retenir : « Patronne, vous êtes dingue ! » et il vira aussitôt au rouge vif. Il baissa les yeux vers ses bottes.
Elle laissa s’éteindre le brouhaha. « Quelqu’un d’autre a quelque chose à dire ?
— Dijon est assiégée ! » protesta Thomas Morgan, le second d’Euen Huw. « Ils ont toute l’armée wisigothe devant leurs portes, bordel !
— Ce n’est pas nouveau ! Ça fait trois mois que ça dure. Sans que la ville tombe ! Alors, à quel endroit serions-nous plus en sécurité que dans Dijon ? S’ils nous trouvent ici, dehors, dit-elle en jetant un nouveau regard circulaire sur les visages, on va finir en chair à pâté. On se trouve en rase campagne. La plupart de nos armures lourdes sont à Dijon. Et on est à un contre trente. Impossible d’affronter une armée wisigothe sur le terrain – même vous, les gars, vous ne le pouvez pas. En ce moment, on est ici, on n’a pas le choix. Nous avons besoin de placer des remparts entre nous et l’armée wisigothe, sinon, c’est la fin du Lion azur, ici et maintenant. »
Elle avait assez d’expérience pour attendre, alors, tandis que s’élevait un tumulte de voix –, attendre, les bras croisés, son poids porté sur une hanche, tête nue avec ses cheveux d’argent taillés court exposés sous les arbres à la lumière hivernale ; une femme qui n’avait plus la beauté, mais revêtue de sa cotte de mailles, avec son épée et ses pages, son écuyer et ses officiers rangés à côté d’elle.
Un des coutiliers se leva. « On serait en sécurité, à Dijon !
— Ouais, jusqu’à ce que les Goths enfoncent les portes ! » rétorqua un homme d’armes en livrée flamande.
Jusqu’à ce qu’on découvre pourquoi les Machines sauvages ont créé la Faris.
Cendres avança d’un pas et leva les bras.
« Très bien ! » Elle laissa s’éteindre les discussions. « Je prends contact avec nos gens à l’intérieur de Dijon. Je m’arrange pour qu’on nous ouvre une porte, cette nuit. De Vere vous a choisis pour votre rapidité de déplacement, les gars, en vue du raid contre Carthage, donc c’est la rapidité qui va jouer ! On n’aura pas à livrer bataille pour entrer, mais je vais avoir besoin de volontaires pour une attaque de diversion. »
L’Anglais John Price hocha la tête et se leva, ses compagnons avec lui. « On s’en charge, patronne. »
Cendres enchaîna rapidement, sans laisser poser d’autres questions.
« Vous, maître Price, avec trente hommes. Vous attaquerez ce soir, deux heures après le lever de la lune. Angelotti, donne-leur tout ce qu’il peut nous rester d’allumettes lentes et de poudre. Vous, les gars, portez vos chemises par-dessus vos armures : tuez tout ce qui n’apparaît pas blanc.
— Ça va pas marcher, patronne, objecta un compagnon de lance de Price. Tous ces enfoirés portent des robes blanches !
— Ah, merde. » Cendres leur laissa voir qu’elle était amusée. « Tu sais quoi : tu as raison. Alors, trouvez-vous un signe de reconnaissance. Je veux vous voir sur la rive ouest du Suzon, bouter le feu à leurs engins de siège – ça va réveiller toute l’armée ; ça coûte cher, des machines de siège ! Quand ce sera fait, repliez-vous dans la forêt. Nous vous prendrons en bateau demain soir, et nous vous ferons entrer par une des portes sur la rivière. »
Cendres se retourna vers ses officiers.
« Cela donnera au reste d’entre nous le temps de faire mouvement. Très bien, on a dix heures avant qu’il fasse noir. On laisse tous les charrois : je veux voir tout le contenu du train de bagages porté à dos d’homme ou foutu en l’air. Je veux que les mules aient les yeux bandés. » Elle jaugea le moral, en considérant le cercle de tous ces visages qu’elle apercevait en cette matinée de novembre. « Vos chefs de lance vous assigneront une place dans l’ordre de marche, et quand nous nous mettrons en route ce soir, ce sera avec des armes enveloppées et avec des vêtements sombres par-dessus les armures. Et on ne traîne pas ! Ils ne s’apercevront de notre présence que lorsque nous serons à l’intérieur. »
Il y avait encore quelques murmures. Elle prit soin de regarder dans les yeux chacun des contradicteurs, scrutant des visages blêmes, émaciés, des joues rougies par la petite bière et les bravades.
« Rappelez-vous bien une chose. » Elle inspecta tous les visages à la cantonade. « Ce sont vos camarades, là-bas, à Dijon. On est le Lion… et on ne laisse pas tomber les nôtres. D’accord, on est fauchés, c’est l’hiver, on a besoin d’un toit à l’épreuve des sièges au-dessus de nos têtes en ce moment, mais n’oubliez pas une chose : quand toute la compagnie est réunie, on peut flanquer une branlée à n’importe quel Wisigoth ! Bon. On y va, on prend la mesure de la situation, et quand on ressortira, par la suite, ce sera avec toutes les armures et les canons que nous avons dû laisser ici – et on fera mouvement comme une compagnie au grand complet. C’est bien compris ? »
Des marmonnements.
« J’ai dit : c’est bien compris ? »
Le ton familier d’engueulade les réconforta, et rendit possible un vivat complice.
« oui, PATRONNE !
— Rompez. »
Dans le chaos ordonné qui s’ensuivit, d’hommes qui couraient, d’abris qu’on démolissait et d’armes qu’on rangeait, elle se retrouva à nouveau debout à côté de Floria.
Une gêne subite lui fit éviter de regarder la chirurgienne en face. Si Florian ressentait également de l’embarras, elle n’en laissa rien paraître.
Mais elle en éprouvera.
« Ne me… » Cendres toussa, se débarrassant d’une partie de ce qui lui serrait la gorge. « Ne me fais pas le coup que m’a fait Godfrey, Florian. Ne va pas disparaître de la compagnie, tout d’un coup. »
Elle surprit sur le visage de Florian une expression involontaire ; une douleur à vif, disparue avant que Cendres puisse avoir la conviction que c’était autre chose qu’un sourire cynique et brillant.
« Y a pas de danger. » Florian croisa les bras sur sa poitrine. « Donc… Tu as résolu la question militaire immédiate. Si ça fonctionne. On entre dans Dijon. Et après ?
— Ensuite, on participe au siège.
— Combien de temps ? Tu crois que Dijon va tenir ? Face à de telles forces ? »
Cendres regarda posément la Bourguignonne. Il y aura de la gêne, se dit-elle. Pas assez pour que cela soit important – et pas très longtemps. Parce que c’est toujours Florian.
« Je vais te dire ce que je pense », déclara Cendres en libérant son souffle et sa tension, avec une franchise subite. « Je crois que j’ai merdé en revenant ici – mais une fois que nous avons débarqué à Marseille, une fois que la décision a été prise, c’était foutu, j’étais coincée. »
Floria cligna des paupières. « Bon Dieu, ma vieille. Tu as maintenu cette bande sur la route par la seule puissance de ta volonté. Et tu penses qu’on a eu tort de venir ici ?
— Comme je l’ai dit sur la plage, à Carthage, je crois que nous aurions dû mettre les voiles vers l’Angleterre, à ce moment-là. » Cendres frissonna dans le froid du petit matin. « Voire pour Constantinople, avec John de Vere, pour nous mettre au service des Ottomans. Prendre le plus de distance possible avec les Machines sauvages, et laisser la Faris se démerder avec ce qu’elle va bien pouvoir déclencher en Bourgogne.
— Mon cul, oui ! » Floria carra ses poings sur ses hanches. « Toi ? Abandonner ici Robert Anselm et le reste de la compagnie ? Me fais pas rire ! On serait forcément revenus ici, quoi qu’il ait pu se passer à Carthage.
— Peut-être. Mais ce qui aurait été intelligent, c’était de tirer un trait sur les pertes pour repartir de zéro avec les hommes que j’ai ici. Sauf que personne ne signe avec des commandants qui laissent tomber leurs hommes. »
Une honnêteté intérieure suggéra, de façon inattendue : Mais elle a raison : il a toujours été entendu que nous reviendrions ici.
Elle plissa les yeux face au vent du matin, ses yeux s’emplissant de larmes, et elle se dit : Sale temps, même pour un mois de novembre, et le soleil est faible. Et il fait tellement froid, au sud d’ici, depuis si longtemps, désormais. Il n’y a pas dû y avoir de récolte.
« Trop tard, à présent », dit-elle, sentant qu’elle employait un ton quasi philosophique. Elle sourit à Florian. « Et maintenant, on y est, ici – on ne peut aller nulle part, sauf derrière les plus proches remparts ! Mieux vaut mort demain que mort tout de suite, d’accord ? Alors, choisis, entre la chute prochaine de Dijon et les légions devant nous qui nous repéreront demain… »
Cendres ressentit un soulagement immense, comme si elle était libérée d’un poids, ou d’une étreinte sans pitié. La peur l’envahit, mais elle reconnut ce sentiment et l’accepta, se laissant prendre totalement conscience, de nouveau, que ses préoccupations ne se cantonnaient pas à la seule conduite courante de la guerre.
Floria étouffa un rire, en secouant la tête. « Je vais faire prier mes diacres. Décide de notre rang dans l’ordre de marche. Où seras-tu, au cours de cette balade au clair de lune ? En avant-garde, comme de coutume ?
— Je ne serai pas avec la compagnie. Je vous rejoindrai dans la ville, avant l’aube.
— Tu quoi ? »
Cendres fit claquer ses mains glacées. La chaleur de la circulation la picota sous les impacts. Un air frais, humide, lui caressait le visage.
Son regard croisa celui de Florian : espiègle, vif, totalement résolu.
« Pendant que la compagnie fera son entrée dans Dijon, cette nuit, je vais aller chercher quelques réponses. Je vais me rendre dans le camp wisigoth pour discuter avec la Faris. »